La réponse à une telle question est assez complexe, mais depuis quelques années diverses publications ont montré que notre flore intestinale doit rester en équilibre pour que nous restions en bonne santé.
Que ce soit les publications concernant la perméabilité intestinale, le syndrome de fatigue chronique, ainsi que les publications consacrées à l’origine de certaines maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde et les pathologies neurodégénératives comme la sclérose en plaques et le Parkinson (voir « Publications » dans le site www.ategis.be)
Pour mieux comprendre ce qui se passe dans notre intestin, il faut savoir que les bactéries qui composent la flore intestinale forment une population de plus de 500 espèces différentes, totalisant de l’ordre de 100.000 milliards de bactéries.
Ces espèces que l’on appelle les germes saprophytes sont dix fois plus nombreuses que l’ensemble des cellules qui forment notre corps.
L’écosystème intestinal se divise en deux grands groupes :
- La flore dominante composée de bactéries anaérobies, c’est-à-dire les bactéries incapables de vivre en présence d’air. Elles représentent environ 99% de la population de notre flore intestinale.
- La flore sous-dominante aérobie et réprimée en nombre par la flore dominante.
Il faut savoir que les bactériologues utilisent une classification basée sur la coloration dite de « Gram » pour avoir été mise au point en 1884 par le Dr. Gram, un bactériologiste danois.
A l’heure actuelle, la méthode de Gram est toujours utilisée. Dans le monde entier on classe les bactéries suivant la couleur qu’elles présentent après avoir été mises en contact avec du violet de gentiane.
C’est ainsi que l’on a pu montrer que les bactéries anaérobies, retrouvées dans la flore dominante de notre intestin, sont des bactéries Gram positif et ce parce qu’elles apparaissent au microscope bien colorées en violet.
Tandis que les bactéries qui composent la flore sous-dominante, les bactéries aérobies, apparaissent au microscope en rose pâle. Ces bactéries sont dites Gram négatif parce qu’elles ne fixent pas le violet de gentiane.
Cette différence de coloration est liée à la nature et à la composition différente de la membrane des deux types de bactéries.
La population sous-dominante de l’intestin contient une toxine pour l’homme : le LPS
On s’est aperçu que les bactéries Gram négatif de notre écosystème intestinal possèdent une activité toxique liée à la présence d’une molécule bien particulière dénommée « LPS » acronyme de LipoPolySaccharides (longue molécule constituée de sucres dans lequel se retrouve un lipide (un corps gras)). Le LPS, retrouvé dans toutes les membranes des bactéries Gram négatif, est d’ailleurs considéré comme une endotoxine (« endo » pour dedans donc, toxine dans la membrane).
Allons un peu plus loin:
- Chaque espèce de bactérie Gram négatif possède un LPS spécifique.
- Les LPS font partie des plus importants toxiques connus.
Si vous avez lu la fable « Les animaux malades de la peste » de Jean de la Fontaine vous vous souviendrez d’ « un mal qui répand la terreur… capable d’enrichir en un jour l’Achéron ».
Le LPS du Gram négatif Yersinia pestis causa en effet la mort de millions de personnes au Moyen-Âge. Actuellement, on a trouvé la parade et le LPS de ce Gram négatif peut être neutralisé. Il reste toutefois d’actualité que tous les LPS restent toxiques pour l’homme. Heureusement pour nous, la croissance de la flore intestinale bactérienne Gram négatif est régulée et réprimée par notre flore dominante.
Un déséquilibre de la flore intestinale engendre la présence de LPS dans le sang et la production d’anticorps.
L’usage inapproprié d’antibiotiques, l’excès d’anti-inflammatoires, les tourista, les excès de sucrerie, le diabète de type II, la malnutrition, les candidoses sont les principales causes d’un déséquilibre de notre flore intestinale et de l’augmentation de la perméabilité intestinale (Leaky gut syndrome).
En conséquence, on constate de plus en plus chez l’homme la présence de LPS dans le sang et nous produisons des anticorps dirigés contre ces endotoxines.
Comment détecter un déséquilibre de la flore intestinale ?
Notre laboratoire effectue, en collaboration avec le Dr Geffard, le dosage des anticorps dirigés contre la majorité des Gram négatif de l’intestin (le point 08 sur notre demande d’analyses « Anticorps bactériens »).
C’est ainsi que nous avons pu montrer, avec le professeur M. Maes, que l’on retrouve des marqueurs biologiques permettant de mettre en évidence un excès de LPS dans le sérum de patients présentant un état de fatigue voire de dépression souvent inexpliqué.
IgM-mediated autoimmune responses directed against anchorage epitopes are greater in Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome (ME/CFS) than in major depression. Maes M, Mihaylova I, Kubera M, Leunis JC, Twisk FN, Geffard M. Metab Brain Dis. 2012 May 22.
Il est important de savoir que les endotoxines LPS stimulent non seulement fortement notre production d’anticorps, mais induisent aussi, malheureusement, une forte augmentation de composants capables d’oxyder de nombreuses molécules indispensables à notre bon état de santé : certains acides aminés indispensables à notre équilibre métabolique et neurologique, qui, une fois oxydés, n’assument plus leur rôle.
Des études menées chez des rongeurs ont montré que les processus neurobiologiques sous-jacents à la cognition et aux affections sont modulés par le microbiote intestinal. Certaines fibres alimentaires sont capables de moduler la composition du microbiote intestinal et sont donc considérées comme des prébiotiques. Un examen de l'impact des études d'interventions prébiotiques disponibles chez l'homme sur la cognition et les affections, abordant le rôle de médiateur potentiel du microbiote, a été mené. PubMed, Scopus et PsycINFO ont été sélectionnés comme sources. Quatorze articles étaient éligibles pour la synthèse narrative. L'extraction des données et l'évaluation de la qualité ont été effectuées avec des caractéristiques établies a priori. Certaines interventions prébiotiques chroniques (> 28 j) ont amélioré la mémoire affective et la mémoire épisodique verbale par rapport à un placebo. Interventions prébiotiques aiguës (< 24 h) ont été plus efficaces pour améliorer les variables cognitives (p. Ex. La mémoire épisodique verbale). Les recherches futures devraient mesurer le microbiote en utilisant des méthodologies adéquates et recruter des patients atteints de dysbiose, d'inflammation ou de psychopathologie. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les conditions requises pour obtenir des effets sur l'affect et la cognition.