Une douzaine de vitamines nous sont indispensables au quotidien. Chacune participant à des fonctions spécifiques du corps humain. L’OMS a défini des doses moyennes (ou AQR) à avoir chaque jour dans notre alimentation.
On retrouve aujourd’hui d’assez nombreuses carences dans nos sociétés où, paradoxalement, nous avons de la nourriture à profusion. Pour exemple, les manques de vitamine D sont au goût du jour et les suppléments de vitamines sont monnaie courante. Cependant, comme souvent pour les bonnes choses, l’excès de vitamines peut nuire à notre santé.
S’il est difficile d’arriver à des doses excessives et vraiment nocives avec les vitamines du groupe B ou la vitamine C, il existe tout de même un risque de surdosage avec les vitamines A, D et E :
Trop de vitamine D peut engendrer des signes d’intoxication comme fatigue, maux de tête, humeur irritable, nausées, constipation… Les apports quotidiens recommandés varient entre 0,005 et 0,020 mg par jour selon les pays (0,015 mg pour l’Europe, soit 600 UI).
A des doses supérieures à 50 000 UI/jour (1,2 mg), la vitamine D est un toxique. Elle peut alors augmenter anormalement le taux de calcium sanguin et conduire à des troubles tels que calculs rénaux, perte osseuse, calcification d’organes, voire convulsions…
Les autorités sanitaires américaines donnent 4 000 UI (0,1 mg) par jour comme dose maximale tolérable de vitamine D pour un adulte. Certains auteurs l’évaluent plutôt à 10 000 UI par jour.
Il s’avère qu’en fait, le risque de surdosage soit faible avec les produits courants contenant de l’ergocalciférol .
Lorsque le foie reçoit trop de vitamine A à stocker, des effets indésirables peuvent apparaître, du type osseux et articulaires, ou une détérioration des ongles et cheveux, des troubles de la vision ou encore hépatiques…
Grossesse : comme pour l’acide rétinoïque (utilisée contre l’acné), il a été suggéré que des doses trop importantes de Vitamine A pendant la grossesse pourraient engendrer des malformations fœtales.
Les autorités sanitaires ont fixé la dose maximale tolérable d’équivalent rétinol pour la vitamine A à 3 mg par jour chez les adultes (apport recommandé par jour 0,9 mg).
Selon une étude spécifique (3), le risque d’excès de vitamine A ne se pose vraiment que pour la vitamine A d’origine animale (rétinol). En revanche, le problème ne se pose quasiment pas pour les apports de béta-carotène que le corps transforme en vitamine A uniquement s’il en a besoin.
De trop forts apports d’alpha-tocophérol (vitamine E) peuvent rallonger le temps de saignement et favoriser l’apparition d’ecchymoses pour certaines personnes. Ceci dit, il en faut vraiment beaucoup.
La dose quotidienne recommandée en Union Européenne est de 10 mg. L’UE a fixé une dose apport maximale tolérable de 540 mg par jour pour la vitamine E donnée sous forme de complément alimentaire. Cette dose est de 1 000 mg aux États-Unis. Il y a donc une très grande marge de manœuvre.
Les autres vitamines ne présentent pas de réelle toxicité potentielle. Quelques effets secondaires peuvent être observés mais avec de très fortes doses correspondant à 50 ou 100 fois la dose normale quotidienne conseillée. Ainsi, il y a peu de chances pour que cela arrive.
Et pour l’excès de minéraux, c’est pareil
Une douzaine de minéraux font aussi partie de nos nutriments indispensables au quotidien. Voici ceux pour lesquels il faut particulièrement veiller aux excès :
Même si l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime que près de 80% de la population mondiale pourrait manquer de fer, trop de fer est préjudiciable. L’intoxication fatale aux sels de fer existe, avec des doses massives (autour de 200 mg de fer par kilo de poids corporel soit près de 12 gr pour une personne de 60 kg).
Cependant, au long terme, l’excès modéré de fer peut donner :
- des troubles digestifs (nausées, troubles du transit…)
- une altération des fonctions du foie
- des problèmes cardiovasculaires
- une augmentation du risque de cancer
- des problèmes neurodégénératifs (Alzheimer, Parkinson…) par augmentation de l’oxydation des tissus.
En tant qu’oxydant, trop de fer au long cours accélère le vieillissement en général.
L’excès de cuivre favorise l’oxydation, ce qui accélère le vieillissement de l’organisme. Ce stress oxydant peut entraîner des troubles hépatiques évoluant vers la cirrhose du foie. Il pourrait avoir un rôle dans la maladie d’Alzheimer.
Un excès d’absorption d’iode peut favoriser des troubles thyroïdiens. Il s’agit le plus souvent d’hyperthyroïdie. Plus rarement, trop d’iode pourra déclencher, à la longue, une hypothyroïdie.
L’excès d’iode est rarement d’origine alimentaire mais plutôt causé par des apports trop importants venant de médicaments ou de produits de contact iodés.
De trop fortes doses de calcium alimentaire peuvent faire monter la concentration de calcium sanguin conduisant à l’hypercalcémie. Une légère hypercalcémie peut déclencher des nausées, vomissements ou manque d’appétit.
Ceci dit, il faut vraiment de grosses doses de calcium alimentaire pour déclencher une hypercalcémie marquée pouvant mettre la vie en danger. Les instances sanitaires ont définit l’apport maximum toléré de complément de calcium à 2,5 grammes par jour pour un adulte.
La toxicité du zinc existe à fortes doses. Elle donne surtout des symptômes digestifs (nausées, diarrhée, douleurs abdominales…) avec des prises entre 250 et 500 mg en une fois. Les apports recommandés sont de 12 mg par jour.
Il est assez difficile d’atteindre de tels niveaux avec des compléments alimentaires mais l’excès de zinc avéré sur le long terme peut engendrer un manque de cuivre et donner des effets similaires au manque de zinc.
Une prise de plus d’un milligramme par jour devient toxique (dose recommandé 0,06 mg). Trop de sélénium dans le corps peut donner les symptômes suivants :
- fatigue et amaigrissement
- détérioration des ongles et cheveux
- troubles digestifs tels que nausées et vomissements
- troubles de l’humeur (irritabilité).
Les nutriments indispensables peuvent aussi nous tuer
Restons calmes, il faut vraiment des quantités énormes pour en arriver là mais un excès peut, comme toujours, nuire à notre santé, parfois jusqu’à être fatal. On vante les effets antioxydants ou déstressants du chocolat mais on connaît bien la crise de foie qui suit les fêtes de fin d’année. De la même façon, un apport de nutriments bien au-dessus des limites tolérables peut conduire à des problèmes de santé parfois graves.
Bien connus des sportifs et adeptes de musculation, les acides aminés sont une partie indispensable de notre alimentation. Leur supplémentation est généralement sans danger mais dans le cas de régimes très hyper-protéinés à long terme, des troubles peuvent survenir, en particulier pour les reins.
Lors de la dégradation des acides aminés (qui constituent les protéines), notre corps va produire de l’ammoniac, celui-ci va être dégradé par le foie qui va produire de l’urée, cette urée va être ensuite éliminée par le rein dans les urines. De plus, l’acidité produite par la dégradation des acides aminés va devoir être compensée par les reins.
Une fois de plus, certains sujets y seront plus sensibles que d’autres.
Trop de méthionine peut faire augmenter l’homocystéine sanguine qui est liée au risque cardiovasculaire.
Trop d’acides aminés « branchés » (dont leucine et isoleucine) vont limiter l’apport de tryptophane au cerveau (par effet de compétition) ce qui pourra donner des troubles de l’humeur de type dépressif.
Trop d’acides gras oméga-3 (EPA-DHA) peut avoir une influence sur le sang et la coagulation. Attention donc aux gens qui font facilement des bleus ou prennent des traitement anticoagulants.
Il a été noté des augmentations de la glycémie à jeun (sucre dans le sang) chez des diabétiques après consommation de fortes doses d’huiles de poisson. A surveiller dans ce cas.
L’huile de poisson peut également favoriser les renvois gastriques, diarrhée, ballonnements et gaz…
Trop d’oméga 6 favorise toutes les réactions d’inflammation. D’autre part, des études ont montré que des patients épileptiques pouvaient faire plus de crises lors d’apports importants d’oméga 6. Rappelons que notre alimentation occidentale apporte généralement assez d’oméga 6 et souvent trop.
Prendre des vitamines ou pas ?
La réponse est simple : oui si l’on en manque. Il est inutile de se supplémenter à l’aveugle.
Les nutriments essentiels nous sont indispensables mais dans une certaine quantité. Remarquons qu’en cas de manque ou de grands excès de vitamines ou de nutriments essentiels, les troubles de santé présentés sont souvent les mêmes. Notre corps n’aime ni l’un, ni l’autre. Tout est question d’équilibre.
L’excès toxique de vitamines et autres nutriments essentiels demande d’absorber de très fortes doses dans la plupart des cas. Néanmoins, il faudra être plus prudent avec ceux dont la dose d’intolérance peut être atteinte plus facilement : fer, vitamines D et A, cuivre et iode.
- Shroff R, Knott C, Rees L.
Pediatr Nephrol. 2010 Sep;25(9):1607-20. doi: 10.1007/s00467-010-1499-9. Review.
The virtues of vitamin D–but how much is too much? - Traber MG.
J Lipid Res. 2013 Sep;54(9):2295-306. doi: 10.1194/jlr.R032946. Epub 2013 Mar 15. Review.
Mechanisms for the prevention of vitamin E excess. - Penniston KL, Tanumihardjo SA. The acute and chronic toxic effects of vitamin A. Am J Clin Nutr. 2006 Feb;83(2):191-201. Review. PubMed PMID: 16469975.